dimanche 11 juillet 2010

Domingo 11 de julio de 2010 , ou comment je me mets à détester mes propres racines

Me retrouvant à Arequipa, je suis frappé par un fait. Après avoir passé plus d'une semaine dans la jungle à parler plus espagnol que toute autre langue, je me retrouve dans un environnement où on entend plus de français que de castellano.

Et dire que, face à mon expérience en France, avec le recul, je considère ne pas avoir profité assez de la culture qui s'ouvrait devant moi. J'aurais préféré apprendre à connaître beaucoup plus de français, plutôt que presque exclusivement d'autres étudiants internationaux ou québécois. C'est pourquoi je me suis fais force de m'éloigner du groupe du stage pour plutôt me tenir avec des péruviens, fort de ma première expérience de voyage.

Et voilà que je me retrouve, malgré moi, entouré de milliers de touristes français...

Une journée de frustration, peut-être deux. Je maudis les français et le fait que leurs vacances soient tombées pile durant les miennes. Les français et leur air snob, toujours pressé, sachant mieux que quiconque, faisant miroiter leurs billets d'euros...les péruviens sont tellement mieux: plus ancrés dans la réalité, des gens terre-à-terre, sachant profiter de la vie...[1]

Et puis, tout à coup, durant une soirée, autour d'un verre, en compagnie de Joshua, mon nouvel ami péruvien de la selva, et sa petite amie, Lisa, suisse allemande, on me présente Robinson, un français. Tout à coup la révélation me frappe: qu'ai-je pu être con, dit-donc! Et pourquoi les français seraient si différents? Robinson, lui, est l'anté christ de toutes les idées préconçues que j'avais. Il est baba cool, a appris l'espagnol par lui-même, sans cours, durant ses 8 mois en Amérique latine. Il est resté plus de 4 mois en Bolivie, et, durant mon séjour à Arequipa, à quelques reprises, le verrais-je aux bras d'une péruvienne. Un type comme je l'ai aime, quoi. Comme quoi les préjugés ne prennent racine que dans l'ignorance et la fermeture face à l'autre.

Et puis, de toute façon, il ne faut pas s'enfermer dans un esprit d’intolérance face à ceux qui n’ont pas le même type de parcours de vie, d’expériences que nous[2]. En toute réalité, j'aurais pu rencontrer des français ou québécois dont c'était le premier voyage, et j'aurais quand même eu un super beau temps en leur compagnie. Il faut éviter de juger les gens aux premiers abords. Après tout, je me définis pas seulement comme un voyageur, mais comme un individu à part entière ayant des intérêts autres diversifiés et nombreux.)

Le lendemain, je croise, dans la rue, Robinson avec un ami français, Antoine, lui aussi baba cool, et m'invitant aussitôt à deux fêtes psychédéliques en Bolivie. Fort de deux nouvelles adresses courriel, et d'une invitation à être hébergé gratuitement à La Paz, je quitterai, outre mes problèmes qui feront l'objet d'un autre message, heureux Arequipa, ayant renoué avec cette francophonie que j'avais laissé de côté, stupidement[3].



[1] Le choc culturel se manifestant parfois de façon inverse, par un rejet systématique de la culture dont on est issue, et par une appropriation complète et non réfléchie de la culture d’accueil : Programme de jumelage des étudiants étrangers, conférence intitulée « Séances d'information et de sensibilisation aux relations interculturelles », Bureau de la vie étudiante, Ulaval, 2008.

[2]« Les gens d'ici qui ne sont pas sortis sont "plates", les étrangers et ceux qui ont voyagé sont intéressants et ouverts. » : Marcel BERNIER, « Séjour à l’étranger, le choc du retour », Centre d’aide aux étudiants, [En ligne], http://www.aide.ulaval.ca/sgc/pid/1481 (Page consultée le 28 juin 2010)

[3] « L’expatrié devra comprendre sa propre culture avant de comprendre la culture étrangère qui l’entoure » : SLEMBEK E., « Grundfragen der interkulturellen Kommunikation », dans Ingrid Jonach, Interkulturelle Kommunikation, Munchen, Ernst Reinhardt Verlag, 1998, p.28 cité par Égide Karuranga, recueil du Cours de gestion interculturelle, Ulaval, 2010.

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